Madame, vous êtes dévorée parce que vous êtes amoureuse. Vous n’êtes même pas tout à fait sûre que cette personne vous corresponde vraiment ; vous la connaissez si peu ! Vous avez peur d’être totalement ridicule quand vous la reverrez. Que faire ? Sachez qu’un penseur aussi sinistre que Cioran a étudié en partie votre problème et vous offre une réflexion qui vous consolera et une proposition d’escapade à visée thérapeutique. Pour la réflexion, lisez la note (1). Pour l’escapade, lisez la note (2). Vous m’en donnerez des nouvelles.
Ces quelques lignes sont bien sûr aussi valables pour les hommes amoureux d’une femme ou d’un homme, et pour les femme entichées d’une autre. Ça devrait faire du monde, tout de même !
(1) « J’essaie de combattre l’intérêt que je prends pour elle [/lui], je me figure ses yeux, ses joues, son nez, ses lèvres, en pleine putréfaction. Rien n’y fait : l’indéfinissable qu’elle [/il] dégage persiste. C’est dans des moments pareils que l’on comprend pourquoi la vie a réussi à se maintenir, en dépit de la Connaissance. » Ebauches de vertige
(2) « Face à la mer, je remâchais des hontes anciennes et récentes. Le ridicule de s’occuper de soi quand on a sous les yeux le plus vaste des spectacles ne m’échappa pas. Aussi ai-je vite changé de sujet. » Ebauches de vertige.