Je l'ai connu dans les années 70, baba-cool, fumeur de joints, artiste non conformiste et fauché, démontant ses étagères pour en barbouiller les planches de motifs psychédéliques.
Je l'ai revu dans les années 90, en costard-cravate, rasé tout autour de la tête, proviseur de lycée ayant la réputation de visser à fond les élèves.
Il m'a un peu raconté ses projets de rentrée : restaurer l'autorité, embaucher des surveillants efficaces, pas des rêveurs...
Et, là, il me saisit le poignet pour bien marquer l'intensité de son indignation :
« J'ai un nouveau surveillant, devine ce que je l'ai vu faire dans la cour de récréation... Il levait la tête pour regarder les nuages... Tu te rends compte ? Il est surveillant, payé pour surveiller, et que fait-il ? Il regarde les nuages ! »
Moi, si j'étais proviseur, j'organiserais un test avant d'embaucher des surveillants : je leur ferais traverser une cour d'école remplie d'enfants, sous un ciel rempli de cumulo-nimbus. Et devinez qui je n'embaucherais pas ?
J'estime qu'il faut donner l'exemple...