Au musée Guimet, exposition sur l’art du Bouthan
La critique est unanime : une occasion unique, des œuvres d’une rare beauté rassemblées pour la première fois, un patrimoine inoubliable, du jamais vu…
10 000 étendards, tous longilignes, et rouges, d’un rouge très sombre, alignés serré derrière les têtes de 100 000 visiteurs attirés par le patrimoine inoubliable et le jamais vu…
Des miniatures au milieu du rouge. Il faudrait se rapprocher, jouer des coudes, se pencher, se dépêcher, suer… Élisabeth n’en a pas le courage, elle regarde de loin.
De loin, elle distingue ici une déesse à plusieurs bras, là, un bouddha… Plus loin, un mammifère proche du cerf, un poisson, un cheval, un homme en méditation dans une grotte...
A vrai dire, toute cette iconographie la laisse de marbre. Elle ne connaît pas grand chose aux symboles bouddhistes. Elle espérait une émotion esthétique qui ne vient pas. Si au moins elle se sentait dépaysée… Mais les drapés rougeoyants lui évoquent vaguement des bondieuseries bien de chez nous. Il ne manque plus qu’une odeur d’encens…
Elle accélère le pas, cueillant au passage quelques informations sur les rares panneaux explicatifs.
Près d'un étendard au centre duquel se dresse un monument bulbeux, surmonté d’une flèche dorée, elle lit ceci:
« Stupa de Palden Drepung, XVIIIème siècle, conçu par **** pour apporter l’illumination à quiconque le verrait. »
Élisabeth ignore ce qu'est un « stupa », mais ce mot lui paraît en harmonie avec le commentaire: un stupa ne peut que vous stupéfier. Elle continue sa visite éclair en se répétant ce mot, « stupa », et aboutit à la librairie de l'exposition, où elle fait l'acquisition d'une carte postale grand format reproduisant le monument sidérant.
(à suivre)