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FRAISE ET CERISE

Blog de brèves nouvelles plutôt humoristiques fraîchement écrites par deux auteurs : Fraise et Cerise.

"Inside" au palais de Tokyo

Publié le 29 Décembre 2014 par Cerise in culture critiques

Pour moi, deux œuvres marquantes dans cette exposition :

 

1) une installation de Stéphane Thidet, « sans titre » , mais intitulée quand même entre parenthèses : « (le refuge) ».

 

On entre dans une des salles immenses du palais de Tokyo et, là, au milieu, une cabane en bois, c'est le refuge. Porte et fenêtres sont ouvertes sur un intérieur des plus simplement meublé : une table en bois, un tabouret, des livres par terre, une lampe allumée, une bassine posée sur le sol. Le détail insolite, c'est qu'il pleut dans ce refuge, une pluie constante, régulière qui tombe et rebondit sur le plancher, la table, le tabouret, les livres, la lampe, et remplit peu à peu la bassine. Cela sent le bois mouillé. Le crépitement des gouttes est le seul fond sonore. Personne n'entre dans le refuge, il fait plus sec à l'extérieur. Bien sûr on s'interroge : « Que veut nous dire le créateur à travers cette œuvre ? ». Peut-être rien du tout, peut-être a-t-il seulement voulu créer un paradoxe poétique. Les sensations procurées par l'installation activent des réminiscences. C'est beau en soi, les reflets de la lumière sur les gouttes, l'odeur, le son tranquille. Pourtant, on ressent comme un léger malaise : c'est un refuge, bon sang, on devrait pouvoir s'y abriter ! Et si c'était notre bonne vieille Terre, ce refuge, notre seul refuge dans l'immensité de l'Univers, mais qui risque de ne plus nous abriter encore très longtemps ? Alors, quelque part, très discrètement, poétiquement, cette œuvre fonctionnerait comme un avertissement.

 

 

2) trois sculptures en marbre de Ryan Gander : « I is... »

 

Là non plus, on ne peut pas entrer et là aussi, paradoxe : ces sculptures en marbre représentent des abris de fortune réalisés par la fillette du créateur : un drap posé sur deux chaises, une couverture tendue entre un parapluie ouvert et une pile de livres. Ce qui était jeu fragile d'un après-midi est désormais gravé dans le marbre. Les drapés majestueux rappellent l'art antique, mais sont posés de guingois sur deux dossiers de chaises. Ce qui était fait pour se cacher et jouer est désormais exposé à tous les regards sous la forme de blocs hiératiques. On se souvient de son enfance, on irait volontiers se blottir sous le parapluie ouvert, mais on est devenu grand et on doit juste regarder, de toute façon, c'est du marbre plein, on ne peut pas entrer...

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