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FRAISE ET CERISE

Blog de brèves nouvelles plutôt humoristiques fraîchement écrites par deux auteurs : Fraise et Cerise.

images (1)

Publié le 3 Octobre 2007 par Cerise in nouvelles

-         Aujourd’hui, on va travailler sur les images : comment analyser une image et comment utiliser une image dans un sujet d’invention. Mais pour commencer, qu’appelle-t-on « image », en littérature ? C’est quelque chose qui « donne à voir ». Vous pouvez d’ailleurs utiliser cette expression dans vos commentaires de textes : « donner à voir ». Or, la dernière fois, nous avons vu quelques figures de style qui sont des images. A votre avis ? Lesquelles ? Oui, Edouard ?
-         L’hyperbole ?
-         Ah, non, l’hyperbole peut parfois jouer sur une image, certes, mais ce n’est pas systématique. Kévin ?
-         La comparaison ?
-         Exact, et connaissez-vous d’autres figures de style proches de la comparaison, que nous avons revues la dernière fois ? Euh, oui, toi, euh…
-         La métaphore et la personnification ?
-         Très bien, euh…
-         Moi, c’est Nassime.
-         Très bien, Nassime, tu as raison. Il existe une quatrième figure de style qui fait partie des images et que nous n’avons pas eu le temps de revoir hier… Oui, Edouard ?
-         M’dame, c’était pas hier, c’était avant-hier.
-         Oui, Edouard, tu as raison, peu importe… Alors ? Quelle est cette figure de style qui procède aussi par image, qui « donne à voir » ?
-        
-         Alors ? Vous séchez ? Vous l’avez certainement étudiée l’année dernière en 2nde. Oui, Edouard ? Tu n’étais pas en 2nde l’année dernière ? Tu redoubles ? Raison de plus pour que tu la connaisses, tu as dû la réviser en 1ère. Quoi ? Tu n’as rien fichu de l’année en français ? Et tu me racontes ça froidement ? Ah ? C’était ta prof qui ne fichait rien ? Ben voyons… Mais oui, mais oui, je te crois… Tu sens l’ironie, là ? L’ironie, c’est quand on dit le contraire de ce qu’on pense, exactement, Nassime. Non, Edouard, je ne me moque pas vraiment de toi, un tout petit peu quand même. Mais assieds toi, Edouard ! Du calme ! Mais ! Edouard ! Bon. Tu te calmes, d’accord ? Tu vas voir, cette année, ça ira mieux, tu vas bosser comme un chef, j’en suis sûre…
     Bon, alors, je vais vous aider un peu… La figure dont je parle consiste à donner à voir une idée, quelque chose d’abstrait. Est-ce que vous savez la différence entre le concret et l’abstrait ? Oui ? Oui, Aurélie, tu sais ? Alors explique… Ah, tu sais, mais tu ne peux pas l’expliquer ? alors, le concret, c’est ce qui peut être perçu par les sens. Tu peux le toucher, par exemple. L’abstrait appartient au domaine des idées, tu peux le penser, l’imaginer, mais pas le toucher. Une table, cette table est concrète, je la vois, je la touche. La liberté, est-ce que tu peux la toucher ? Non, en effet, tu ne peux pas la toucher, donc elle est abstraite, c’est une idée. Pourquoi tu rigoles, Kévin ? Bon, et maintenant, dites moi comment on appelle une image qui représente quelque chose d’abstrait par quelque chose de concret.
      

     Berthe ? Une allégorie ? Exact, très bien, Berthe. Notez tous. Une allégorie. Oui, Kévin, avec deux « l », je vous l’écris au tableau. Notez la définition : « représentation concrète d’une idée ». On ajoute un exemple. Vous avez un exemple ? « Marianne » ? C’est bon, c’est un exemple. Et que représente Marianne ? La République française ? Excellent, c’est ça.
-         Madame, je ne comprends pas bien cette histoire d’allégorie.
-         Ah ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?
-         Ben, cette Marianne, là, elle n’existe pas ? On voit son portrait partout, dans les mairies, à la télé, dans les journaux… Et elle n’existe pas ?
-         Non, en tant que personne, Marianne n’existe pas. Ce n’est pas quelqu’un que tu peux rencontrer dans la rue, par exemple, ou alors ce sera quelqu’un qui se sera déguisé en Marianne. En fait, c’est une image pour représenter la France. C’est ce qu’on appelle une allégorie. 
    Notez maintenant comment analyser une image. Il faut se demander quel effet elle produit sur le lecteur, ce qu’elle ajoute au texte. Prenons un exemple, une jeune fille parle de sa passion pour un roman d’aventure et dit « j’étais prise dans le torrent des péripéties ». Quelle est l’image ? Non, Marco, ce n’est pas « péripéties ». Vous savez ce que veut dire « péripéties » ? Joli mot, non ? Oui, ça veut dire « aventures », en quelque sorte. Amélie ? « torrent » ? C’est ça. Et qu’est-ce qu’on a comme figure de style ici ? Ah, non, remarquez qu’il n’y a pas d’outil de comparaison… Voilà, c’est une métaphore. Pour l’analyser, nous allons chercher les connotations du mot « torrent ». Vous vous rappelez ce que sont les connotations ? Oui ? C’est ça, tout ce à quoi fait penser un mot. A quoi fait penser le torrent ? A de l’eau ? Oui. Et puis ? Quelle différence y a-t-il entre un torrent et un ruisseau ou un lac ? Ça coule ? Oui ? Ça coule vite ? Et puis ? Si vous tombez dans un torrent, qu’est-ce qui se passe ? Il vous emporte ? Voilà ! Pas toi, Edouard ? Bon, d’accord, pas toi, mais souvent, un torrent va emporter la personne qui y tombe… Vous voyez l’image ? Alors notez l’analyse : le torrent connote la rapidité, la puissance. L’image souligne donc l’emprise du récit sur la lectrice.
Et maintenant, à vous : je vous donne deux images à analyser.
1ère image : quelqu’un quitte un lieu qu’il aime et dit : « les arbres agitaient leurs feuilles en un dernier adieu ».
2ème image : une citation de Baudelaire.
« […] L’Ennui
         Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir ».
        
      Vous cherchez d’abord de quelle figure il s’agit, puis vous cherchez les connotations pour voir quel effet produit l’image. Ne traînez pas, je vous laisse cinq minutes et on corrige, parce qu’après, vous allez inventer des images.
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K
Je sais pas si je vais leur parler des allégories cette année finalement !
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P
Alors là je suis admiratif... Quelle patience et quelle pédagogie. Les réactions des élèves sont marrantes aussi. Elles ont leur logique propre, pleine de charme.
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C
Voilà, j'ai remis de l'ordre dans le lien...Excellent Clem...^^J'utilise des images comme Cerise !Pour ce qui est de la peine, je rappelle qu'étymologiquement, le travail a pour origine le terme de tripalium, instrument de torture ^^Sadique que je suis...Attention, je ramasse les copies à la fin de l'heure (la phrase qui tue...).Clem voudrait que je raconte tout les plaisirs que l'on a à faire découvrir aux élèves, toute l'excitation que nous éprouvons dans la mise en place de mille et une sorte d'activités avec 3 bouts de chandelles, tout le bonheur d'une matinée remplie par de vives discussions dans les groupes... Mais non, cela on le garde jalousement pour nous, sans blague, non mais...
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C
Madame le professeur, Quand je lis le commentaire de votre Christophe, je n'ai aucun regret de ne pas être allée à l'école. Monsieur peine alors qu'il n'y a aucune peine à avoir pour que les enfants apprennent. Il suffit de leur enseigner ce qu'ils aiment et qu'ils participent un peu. Il m'agace votre Christophe en disant qu'il les travaille au corps ces élèves.. Je vais porter plainte contre lui. Il n'a pas à travailler le corps des jeunes. C'est interdit par la loi. Il faut qu'il regarde le code pénal et comme de mon métier, je suis assistante sociale, je vais faire mon signalement au procureur de la république. (lol)Clémentine
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C
Personne ne se doute à quel point notre travail demande de l'imagination (et de l'endurance physique et morale) pour faire comprendre, apprendre, appliquer et faire créer les élèves...^^On voit qu'il faut les travailler au corps, prendre en compte leurs représentations, les amener à accepter certaines règles et à produire une réflexion personnelle réfléchie...Et on n'est jamais au bout de nos efforts !Bon courage, amies prolétaires de la prose ^^
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C
Merci, Christophe, c'est encourageant! Ceci dit, ce récit, s'il s'inspire de la réalité, demeure en partie fictif, heureusement!Au fait, ton lien ne fonctionne pas, tu as mis deux fois "http://"