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FRAISE ET CERISE

Blog de brèves nouvelles plutôt humoristiques fraîchement écrites par deux auteurs : Fraise et Cerise.

Encore

Publié le 24 Août 2010 par Fraise in nouvelles

escher 

 

« La vie, c’est bête et répétitif, et j’aime ça. »

  James Kochalka American Elf

 (bande dessinée)


 

 


 

« Mon chéri, il n’y a plus d’encre dans l’imprimante ! – J’ai compris… comme d’habitude ! – Ah, et si tu pouvais aussi penser à racheter du papier couleur et du papier toilettes et du café, je crois, éventuellement ? – Autre chose ? – Bah, non, mon chéri. Tu es un ange – Oui, oui, épargne-moi ton refrain du gentil petit mari ! (silence) Tiens, t’aurais pas vu ma cravate noire ? – Dans le tiroir à cravates du même placard qu’il y a dix ans, à peu près, mon chéri ! - Bonne journée, mon amour ! – Bonne journée ! – Bah, toi, t’es pas encore prêt ? – Je trouve plus mes chaussures. – Ah, tiens, comme c’est original ! Mets tes baskets, alors, et dépêche-toi ! (silence) Allez, dépêche-toi ! En avant, en avant ! (A l’école) Ma mère, elle m’énerve ! Elle m’a encore interdit la D.S. ! – Oh, la vache ! – Ouais, la vache ! (Au travail)Bonjour ! – Bonjour ! (plus tard) Ça va ? – La routine ! (plus tard) Ah, salut ! Quoi de neuf ? – Rien que du vieux. – Super ! On mange ensemble tout à l’heure ? – Ok, même endroit, même heure. Ciao, ciao ! (plus tard) Bonjour ! – Re ! (plus tard) Et le dossier vert, toujours pas fini ? – Gagné ! Toujours pas ! (plus tard) Vous pouvez répéter ? J’ai mal compris votre nom. – Mais, bien sûr, j’ai l’habitude. (plus tard) Vous n’oublierez pas d’éteindre complètement la machine, s’il vous plaît ? – Ai-je déjà oublié, madame ? – Non, jamais, effectivement. Merci. – Merci à vous. (plus tard) Oui, bonjour, c’est madame Delajoue, je voudrais un rendez-vous pour samedi matin, s’il vous plaît. – Mais bien sûr. On fait la permanente ? – Bah, oui, pour pas changer ! – Alors, dix heures trente ? – C’est très bien, dix heures trente. – Alors à samedi. Au revoir, madame Delajoue ! – Au revoir. (Plus tard au restaurant)De toute façon, je suis constamment dérangée, comment veux-tu que j’avance ? – Mais, ça sonne souvent ? – Bah, je sais pas, au moins toutes les cinq minutes – Ah, oui, oui, je vois… - De toute façon, je sens que je suis en train de changer de karma. – Ah, oui ? Il paraît que c’est cyclique ce truc-là. – Ah, au fait, j’ai revu Viviane. Tu sais que, encore maintenant, elle me dit qu’elle l’aime. Elle s’est remise avec lui. Tu te rends compte ? Après tout ce qu’il lui a fait ! – On a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux…tu la connais ? - Très drôle ! – Tout à l’heure, j’ai rendez-vous avec Georges pour le bilan comptable. – Super ! Il va te ressortir la litanie de ses maladies, son refrain sur la crise et la mondialisation et, si t’as vraiment pas de chance, tu auras droit au sempiternel « Ah, de mon temps, madame Delajoue, les femmes ne portaient que des bas. C’était quand même autre chose… » ! Ça, il adore !… Tu vas faire comment ? – Peuhhh, tu sais, depuis le temps ! – C’est bon, ce truc non ? – Carrément ! Ça a comme un petit goût de « reviens-y » ! (Plus tard au travail)T’avais raison : il a remis le couvert, le père Georges ! La complète ! Enfin, à force, ça me fait rire… Ça lui passera jamais, je crois ! - T’as eu un coup de fil du collège. Je crois que t’es convoquée pour dix-sept heures, si tu peux. Désolée. – Encore ! (Au collège)Il est continuellement en retard. Je suis au regret de vous dire, Madame Delajoue, que ça ne peut pas durer ! (Dans la voiture)Arrête de m’énumérer tes éternelles excuses ; tu n’en as aucune à mes yeux ! – Ça m’étonne ! – Et cesse d’être ironique, je suis quand même ta mère et pour la vie alors tu me parles autrement. On va régler ça avec ton père, tout à l’heure ! (A la maison)Salut ! – Salut ! – « De tout temps les hommes ont… » Oh, non, pas encore cette rengaine ! J’en peux plus de ces copies ! – Tiens, pour te changer les idées, ton fils a encore fait des siennes. – Mais, ils en rajoutent, j’ai été deux fois en retard en physique et…– Ohhh, si c’est la physique… - Ah, non, non, non, tu ne peux pas dire ça, François ! – Mais, c’est rien ! – Ah, non, non, non, cette banalisation systématique : non ! – Et, c’est reparti ! Moi, je retourne dans ma chambre ! – Tu vois le résultat, François ? Bah, merci ! – Mais, mon cœur, il a d’excellents résultats et il est arrivé deux fois en retard, c’est bon, ils vont pas encore la ramener… - Oui, mais tu pourrais quand même lui dire quelque chose, pour une fois, à ton fils ! – « Il faut que tout change pour que rien ne change » - Ah, non, non, non, pas tes ritournelles d’intello. – T…t…tu…m…me fff fais brrr…braire. Tu vois, tu me fais bégayer quand tu m’engueules ! – Oh, t’es aussi infernal que ton fils, toi ! (plus tard) Au fait, t’as vu ? Le voisin a encore mis un nouvel avertissement dans les communs. – Ça se confirme : il est psychorigide. – Oh, et merde ! La chasse fuit toujours ! – Rien ne change ! Tu vois ? – Au fait, je te rappelle qu’on doit manger avec ma mère à midi pile dimanche, tradition oblige ! – Oui, promis, juré, je serai charmant et à l’heure pour ne pas bousculer l’ordre immuable des choses – C’est bien, mon chéri ! Tu vois, quand tu veux, tu sais respecter les us et coutumes, les rituels de maman…- Ohé, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été parfait avec elle, même si…- Même si ? – Rien, mon amour…- Et qui a laissé son caleçon par terre ? Et qui n’a pas fermé la porte du placard ? – Je crois que c’est moi. Qui d’autre ? – En effet, qui d’autre ? – Hé ? Tu sais ? – Quoi ? - Je connais un vieux truc qui détend vraiment bien.. – Ah oui ? Je vois pas…- Embrasse-moi ! – Non, embrasse-moi, toi !  - Encore ! – Encore ! C’est toujours aussi bon… - Dis, tu m’aimes, toi, depuis le temps ? – Comme au premier jour, mon chéri ! »

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